La relation entraîneur – meneur de jeu

Sasa Obradovich (tagesspiegel.de)

Sasa Obradovich (tagesspiegel.de)

L’entraîneur de l’ALBA Berlin, Sasa Obradovic, a été Champion du Monde, trois fois champion d’Europe et médaillé d’argent aux Jeux Olympiques quand il jouait en tant que meneur de jeu avec l’équipe nationale yougoslave. Comme plus d’un meneur de jeu avant lui, Obradovic s’est tourné vers l’entraînement après sa carrière de joueur. Il a dirigé des équipes en Allemagne, en Pologne et en Ukraine, avant de prendre les commandes de l’ALBA en 2012, où il avait joué trois saisons. Lors de sa première saison, l’ALBA est devenue la première équipe allemande à gagner des matchs dans le Top 16 de l’Euroleague, où il espère revenir cette saison. Pour sa contribution à « Coach Corner », Obradovic parle de la relation, souvent perçue comme un élément clé pour une équipe, entre les meneurs de jeu et l’entraîneur, deux postes qu’il connaît bien.

Quand je jouais – vous savez, dans un passé lointain – les entraîneurs dépendait beaucoup du meneur de jeu, pour organiser et créer le jeu. Mais aussi pour annoncer les systèmes pour les meilleurs joueurs et laisser les meilleurs marqueurs créer pour eux-mêmes. C’était toujours un bon mélange d’avoir un meneur scoreur qui pouvait également distribuer le ballon. Personnellement, j’ai essayé de toujours comprendre mon rôle, car il changeait. Alors que j’étais en équipe nationale depuis quelques années, en jouant derrière Sasha Djordjevic, j’avais un rôle différent de lui. Si j’étais un scoreur dans mon équipe de club, cela changeait en équipe nationale, je savais qu’il y avait de bons joueurs autour de moi, donc j’ai dû accepter de contribuer d’une autre manière.

Les temps changent. Et ils changent beaucoup. Ma propre philosophie a beaucoup changé. Le jeu a changé et il est beaucoup plus rapide maintenant. Donc, de mon point de vue, cela le rôle de leader a été réparti entre plusieurs joueurs. Bien sûr, vous avez besoin d’avoir quelqu’un qui dirige l’équipe. Parfois lors des entraînements ou des matchs, le leadership de certains se manifeste de lui-même. Il est important maintenant que les entraîneurs aient la même communication avec plusieurs joueurs clés, non pas un seul, parce que vous pouvez voir que le rôle du meneur aujourd’hui s’étend à plusieurs postes de jeu. Beaucoup d’équipes utilisent deux meneurs sur le terrain maintenant. C’est à la mode d’avoir deux joueurs qui utilisent le pick-and-roll et créent pour les autres. L’autre chose, c’est maintenant que le meneur de jeu n’a plus toujours le ballon dans ses mains. Cela peut être n’importe qui, aussi bien un pivot, qui doit comprendre d’où vient la balle et où elle doit aller, et en ce sens conduit l’attaque. C’est mieux de cette façon : d’avoir plusieurs joueurs qui peuvent créer, qui peuvent sentir les situations, lire et réagir. Parce que le scouting est beaucoup plus fort maintenant.

Hammonds & Obradovic (berliner-kurier.de)

Obradovic & Hammonds (berliner-kurier.de)

Si vous pensez à annoncer un système de jeu, quoi faire à quel moment, en identifiant la situation sur le terrain, c’est encore plus difficile maintenant, parce que le jeu est si rapide. Il suffit de considérer la nouvelle règle sur les rebonds offensifs : si vous tirez et récupérez le ballon, vous n’avez que 14 secondes pour tirer à nouveau. C’est trop peu de temps pour regarder le banc et appeler un système. Ma philosophie est maintenant d’avoir plusieurs options simples dans les systèmes que vous exécutez. Malgré cela, vous ne pouvez pas répondre à tous vos idées facilement pendant le match.

Parfois, vous devez compter sur l’instinct du joueur. Cela a changé depuis la fin de ma carrière, quand vous aviez eu beaucoup de temps pour dribbler, regarder vers le banc et voir ce que l’entraîneur voulait, puis l’exécuter. Maintenant, c’est donc beaucoup plus rapide. En fait, je suis en train de pousser les joueurs à jouer vite, sans trop réfléchir. Les mêmes choses que nous faisions déjà avant, comme le pick-and-roll, se déroule plus vite maintenant. Alors maintenant, j’insiste sur une attaque simple et courte mais exécutée avec une bonne idée de contre qui vous jouez. Cela vient avec la préparation du match, ce que vous faites sur le plan tactique, connaissant la philosophie de l’entraîneur adverse. Nous avons un « scouting report » de 15 à 20 pages pour chaque match que les joueurs doivent vraiment connaitre : Contre qui ils jouent ? Qui va défendre sur vous ? et Sur qui vous devrez défendre ? Vous devez le savoir. Chaque match est préparé sérieusement, mais il y aura des erreurs sans assez de temps pour s’entraîner.

Un entraîneur doit être en mesure d’aider ses meneurs de jeu à comprendre leurs rôles et la philosophie de l’entraîneur, et pas seulement sur ​​le terrain, mais aussi dans le vestiaire. Il est également nécessaire d’avoir quelqu’un qui maintient la discipline d’équipe avec une grande éthique de travail. Les meneurs de jeu donnaient le rythme lors des entraînements quand je jouais, et c’est encore vrai aujourd’hui. J’ai la chance d’avoir un gars comme Cliff Hammonds, qui donne 100% de son énergie lors chaque entraînement. Cela maintient vraiment l’équipe à un certain niveau, pendant l’entraînement. Bien sûr, il y a parfois des erreurs, tactiques ou autres, mais mes attentes sont sur ​​la préparation. C’est la clé. Êtes-vous prêt à jouer physique, à être réactif ? Tant de choses sont vraiment connectées à cela.

Obradovich & Redding (berliner-zeitung.de)

Redding & Obradovich (berliner-zeitung.de)

J’ai la chance d’avoir un joueur tel que Hammonds, et aussi un autre comme Reggie Redding, qui est suffisamment polyvalent pour être meneur de jeu. Nous avons développé une excellente relation depuis qu’il est arrivé ici l’année dernière. Je ne sais pas combien de conversations j’ai eu avec lui, même pendant l’été, en essayant de lui donner un peu de mon expérience et de bons conseils, et je pense qu’il s’est beaucoup amélioré en un an. Eux deux mais aussi Alex Renfroe sont des leaders pour notre équipe sur le terrain. Deux d’entre eux sont généralement sur ​​le terrain tout le temps, car avec eux, c’est plus facile. C’est comme avoir deux têtes qui connaissent votre philosophie et vos idées. Ce n’est pas toujours facile. Les joueurs ont des habitudes différentes de celles du passé. Mais en tant que coach, vous devez savoir ce dont votre équipe est capable et l’amener à le faire. Je suis sûr qu’ils en ont marre maintenant de toute ma communication. Il y a beaucoup de choses à analyser avant, pendant et après les matchs. Il n’est pas toujours facile d’avoir des joueurs les plus coopératifs. Cela dépend de qui vous recrutez pendant l’été, mais vous ne pouvez pas toujours choisir les joueurs les plus entraînables. C’est crucial de bien débuter votre recrutement avec quelqu’un qui peut influencer les autres, surtout pour le joueur qui a souvent le ballon dans les mains.

Vous pouvez dire que c’est vraiment étrange, mais beaucoup de meneurs deviennent entraîneurs et beaucoup de joueurs intérieurs ne le font pas. C’est étrange, parce que les intérieurs connaissent aussi le jeu et beaucoup sont passionnés par le basket-ball. Mais pour être un entraîneur, vous devez conserver cette passion après avoir arrêté de jouer, et quelque soit la raison, plus de meneurs de jeu le font. J’ai pensé que peut-être en raison de leur taille, les intérieurs sont beaucoup plus fatigués que les petits en fin de carrière, ce qui les rend plus sur d’eux. Le coaching demande beaucoup de dévouement. En tant que joueur, vous jouez avec beaucoup d’émotion et de volonté, mais vous en avez aussi besoin en tant que coach. Je sais que beaucoup de joueurs intérieurs, même des amis, n’avaient plus ceci vers la la fin de leur carrière de joueur. Les meneurs de jeu l’ont toujours, mais je ne sais pas exactement pourquoi. Peut-être que les gens pensent que les meneurs mènent leurs équipes et donc ils peuvent faire les mêmes choses en tant que coach. Mais je suis ici pour vous dire que ce n’est pas le cas. C’est un travail complètement différent. Vous pouvez utiliser une partie de votre expérience de jeu, mais pas beaucoup. C’est tellement différent d’être entraîneur et de jouer meneur. Et avouons-le, si c’était le même métier, beaucoup des meilleurs meneurs de jeu de haut niveau deviendraient entraîneurs, et ils ne le font pas.

Article original de Sasa Obradovic – Berlin, Germany- Wednesday, December 3, 2014

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